Les hôpitaux
Mala
Coucou Solam, je viens de lire ton écrit et il m’a touché. Etant aide soignante, j’ai travaillé en maison de retraite, en secteur psychiatrique, à l’hôpital dans de nombreux services, et il y à ce truc qui effectivement, nous rassemble, même si c’est totalement contradictoire. Le malheur et la douleur rassemblent et renforcent les liens entre les différents membres d’une même famille, entre patients et soignants, entre les patients eux-mêmes parfois. La souffrance est quelque chose de lourd à porter, alors on la porte, on la supporte, on l’endure à plusieurs.
Pour moi c’est différent, j’enfile chaque jour la blouse blanche, je pousse les portes où sont inscrits "réservé au personnel", et quand les gens me voit, ils me prennent tout de suite pour quelqu’un d’important, simplement parce que je porte une blouse. Il y a dans leur yeux cette lueur d’espoir quand ils me parlent, comme si j’avais parfois la science infuse, le remède miracle à toutes leurs questions. On peut avoir l’impression que les hôpitaux sont de sinistres lieux où flotte dans l’air une odeur inquiétante, et pourtant, c’est un lieu rempli de vie et d’espoir, où se côtoient en permanence la vie et la mort, la douleur et la joie, l’espoir et le désespoir. J’aime porter cette blouse car elle signifie que je suis là pour une bonne raison, grâce à elle les patients me repère, ils savent que je fais parti de l’hôpital, que je suis là pour eux et pour personne d’autre.
Pour nous autres, les blouses blanches, c’est différent car on ne peut pas se permettre de flancher. On flanche à la maison, quand on rentre, on se cache une minute dans la réserve de l’étage pour laisser couler quelques larmes, parce qu’on a pas le droit de le faire face aux patients, même si parfois la situation est dramatique, même si on est humain avant tout, on ne peut pas se permettre de laisser transparaître le doute, la tristesse, la colère. On reste humble, discret, présent, on accompagne la souffrance, on la soulage, on l’encaisse, on est là pour les autres, pas pour nous. Y’a des rencontres qui nous marque, des chemins qui se croisent, des visages qu’on ne pourra jamais oublier, malgré la difficulté du travail, malgré la maladie, la différence d’âge. On semble parfois absorbé par des millions de choses car on a beaucoup à gérer, on nous dit quelque fois qu’on est là pour faire joli, on nous insulte, on défoule sa colère et sa peine sur nous parce qu’il n’y a personne d’autre mais malgré tout ça, je peux dire que j’aime mon travail et j’aime rentrer dans un hôpital. Parce que je sais que même si la journée est dure, on est tous là pour se serrer les coudes et trouver des solutions aux problèmes.
Alors bien sûr, c’est ma vision de la chose, c’est différent pour tous, mais je trouve que l’image de l’hôpital change, tout comme le regard du patient, le regard des médecins. Je pense qu’on devient tous un peu plus humain et peut-être qu’un jour, les hôpitaux ne ressembleront plus du tout à ce qu’on connait aujourd’hui Inch’Allah en tout cas j’y travaille activement chaque jour que Dieu fait !
Dsl pour le monologue mais je suis justement au taff en ce moment et la nuit de 2h a 4h y’a pas grand chose à faire, (à part répondre aux patients qui m’appellent). Sur ce bonne nuit ou bonne journée et encore désolé pour le roman (qui n’a plus grand chose à voir avec ton écrit finalement ===> sort fumer une cigarette)
Om Shanti